Expo Shanghai 2010: Le Pavillon de l’Inde
L’Exposition universelle de 2010 à Shanghai sera la première a avoir lieu dans un pays en développement. Officiellement connue sous le nom “Expo Shanghai 2010″elle durera 184 jours et fournira à la Chine une occasion de montrer sa croissance économique remarquable. L’exposition donnera également aux pays étrangers et aux entreprises une occasion de développer des partenariats économiques avec la Chine et les entreprises chinoises. Cet article est le quinzième de notre série spéciale sur l’expo, de pavillons de pays au développement du commerce. Dans cet article, nous nous penchons sur le Pavillon de l’Inde.
Par Joe Drury
30 avril – Depuis le discours de Winston Churchill en 1931 décrivant l’Inde en terme « géographique » et dont la nation n’était « pas plus unie que l’équateur », le pays a fait d’immenses progrès et sacrifices afin de devenir un Etat économiquement prospère et politiquement unifié. Pourtant, au regard de la diversité sans égale de ce pays, les paroles de Churchill ne sont pas totalement obsolètes.
L’Inde est le foyer de plus de 2 000 groupes ethniques, parlant plus de 1 600 langues et dialectes et adorant toutes les religions. À l’Expo Shanghai 2010, le pavillon Indien de 4 000 mètres carrés est remarquable par le sentiment d’harmonie et d’unité nationale qu’il a su recréer pour représenter au mieux cette société éclectique, malgré ses contradictions et les différences parfois fortes qui surgissent naturellement d’un tel environnement.
Avec le thème «Villes d’Harmonie» le pavillon projette un message international d’unité, particulièrement pertinent pour l’Inde, pays qui subit actuellement les affres de l’influence croissante de l’Asie et de l’étranger.
«Le pavillon de l’Inde à l’Expo 2010 représentera la diversité et la dualité», a déclaré le commissaire général NK Sehgal le 22 Mars lors d’un entretien avec China Daily. « L’Inde est un pays avec une géographie, des traditions, des cultures et des langues variées. Entre ses villes et ses zones rurales transparaît cette incomparable dualité de l’ancien et du moderne. »
L’extérieur du bâtiment affiche fièrement les aspects anciens de la société indienne en rendant hommage aux œuvres de la culture et de l’art indien. La porte d’entrée en forme d’arc est une réplique de la pierre de l’arbre de vie composant la sculpture de la Mosquée Sidi Saiyed d’Ahmedabad, tandis que sur les murs en terre cuite sont exposées des scènes des Contes bouddhistes de Jataka évoquant le lien entre l’homme et la nature.
Derrière sa façade de temple antique se cachent les avancées technologiques, clés d’un avenir durable. Le pavillon est conçu comme « zone non-chimique », c’est-à-dire que l’eau de ruissellement qu’elle produit est propre et ne contient pas d’eaux usées. Un réseau de conduits de refroidissement intégrés au plancher maintient une température modérée en été, et les cellules solaires et éoliennes fixées sur le toit assureront la production en permanence d’énergie renouvelable, donnant une portée réelle aux histoires de Jataka.
Le motif central du pavillon est un grand dôme qui s’élève depuis l’entrée. Orné de végétation et d’arabesques, le dôme favorise le contraste entre modernité et antiquité en reproduisant la célèbre Stupa de Sanchi, un ancien monument bouddhiste commandé au troisième siècle avant JC par le roi Ashoka. Le dôme fait 35 mètres de large et 18 mètres de haut, et contient un réseau entrelacé de plus de 500 tiges de bambou de 20 mètres de longueur venus de Anji dans la province du Zhejiang.
Le dôme lie la culture indienne et chinoise à travers sa conception de tradition bouddhiste, mais emprunte aussi aux autres grandes religions par certains éléments architecturaux islamiques, hindous, chrétiens, et sikhs, symbolisant ainsi l’harmonie de toutes les religions et cultures.
A l’intérieur du dôme, une projection holographique de 360 degrés relate des scènes de vie dans les villes indiennes depuis 2 400 ans avant JC et raconte comment, au cours de l’Histoire, les villes se sont liées aux provinces rurales par le commerce et l’échange de services. Ainsi l’économie a progressé en harmonie synchronisée en dépit des pressions de la population et de la dégradation de l’environnement.
Autour de cette structure centrale, la place principale entourant le dôme offre commerces et divertissements en abondance. De nombreux objets d’artisanat régional sont disponibles dans le marché indien, y compris des peintures sur soie du Rajasthan et des tapis du Cachemire. L’amphithéâtre accueille des spectacles réguliers. Les amateurs de cuisine indienne auront l’occasion de goûter une grande variété de plats régionaux, originaires de Dal Roti à Dosa en passant par Sambhar.
Les membres du gouvernement indien soulignent que la participation de l’Inde dans l’Expo Shanghai 2010 – un coût total de 50 millions de US $ – est purement ancrée dans le désir d’élargir les échanges culturels et économiques. «Il s’agit de l’Exposition Universelle, pas d’une tribune politique» a déclaré Rajesh Kumar, directeur de l’équipe d’organisation du pavillon, dans une interview avec la National Public Radio en avril 2010. «Cela n’a rien à voir avec tout type de politique ou toute forme de diplomatie. Rien.”
En effet, les liens culturels entre deux des plus anciennes civilisations du monde remontent à des milliers d’années au moins jusqu’au IIe siècle avant J.-C. Celles-ci ont coexisté pacifiquement la plupart du temps. L’Inde a reconnu la République Populaire de Chine en 1950. Malgré une série de différends frontaliers, en particulier en 1962 lors de la guerre sino-indienne, qui ont détérioré les relations de manière significative dans les années suivantes, les relations se sont progressivement réchauffé à mesure que certains intérêts convergeant sont apparus.
Au cours des 10 dernières années, l’essor du commerce bilatéral a contribué à améliorer la coopération entre l’Inde et la Chine sur des questions clés comme le changement climatique et le commerce mondial. Le commerce total Chine-Inde a augmenté de 34 pour cent en 2008, soit 51,8 milliards de dollars US avant de tomber à 16,54 pour cent pendant la crise financière mondiale en 2009. Malgré cette baisse, la Chine reste le principal partenaire commercial de l’Inde et un allié clé de l’économie.
Puisque les deux économies les plus rapides du monde sont entrain d’étendre leur pouvoir géopolitique, la concurrence en vue de gagner les différents nouveaux marchés va certainement conduire à la création de coopérations diplomatiques. Pour surmonter les conflits, les deux pays devront continuer à se concentrer sur les intérêts mutuels qui les unissent plutôt que sur leurs différences et leurs opinions divergentes. S’unifier sur ces questions permettrait à la diversité de vivre en harmonie.
Lectures complémentaires
The Complete Shanghai Expo 2010 Series
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