Commerce Extérieur de la Chine en 2016 : Identification des Tendances et Opportunités
Écrit par : Dezan Shira & Associates
Traduit par : Alan Hervé
Après un ralentissement de son commerce extérieur au début de l’année 2016, la Chine a réussi, d’après le dernier Rapport sur le Commerce Extérieur Chinois publié par le Ministère du Commerce (MOFCOM), à stabiliser la situation grâce à une reprise au troisième trimestre. En septembre, le commerce extérieur chinois s’élevait pour l’année à 17,53 billions de RMB, soit une baisse de 1,9% par rapport à l’an passé. Les exportations et les importations ont respectivement diminué de 1,6% (passant à 10,06 billions de RMB) et 2,3% (passant à 7,47 billions de RMB), tandis que l’excèdent commercial a augmenté de 0,6% atteignant 2,6 billions de RMB. Toutefois, la chute des activités d’import et d’export se réduit trimestre après trimestre. En outre, le faible taux de change du RMB contre le dollar américain a conduit à intensifier le ralentissement du commerce extérieur chinois (d’environ 7,8%).
Le dernier Rapport sur le Commerce Extérieur Chinois, tel que résumé ci-dessus, met en avant les modifications actuelles de l’économie chinoise et offre des perspectives sur les secteurs de croissance bénéficiant du soutien du Gouvernement.
Tendances du commerce extérieur chinois durant les trois premiers trimestres de 2016
Sur les trois premiers trimestres de l’année 2016, la croissance relative au commerce intérieur a excédé celle relative au commerce extérieur. Le commerce intérieur a ainsi représenté 56% du commerce total, atteignant une valeur de 9,82 billions de RMB. Selon le Rapport Officiel, cela signifie que les sociétés chinoises développent les capacités pour s’implanter sur les marchés internationaux. Dans le même temps, la tendance en vigueur depuis plusieurs années de diminution du commerce de perfectionnement (import et export de produits non finis) s’est poursuivie avec une chute de près de 7%. Tandis que les entreprises publiques (« state-owned enterprises ») et les sociétés à capitaux étrangers (« foreign-invested enterprises ») ont subi une baisse de leur commerce extérieur, les sociétés privées chinoises sont parvenues à maintenir une croissance depuis le début de l’année. Certains nouveaux business models fondés sur le e-commerce transfrontalier, sur la mise en œuvre de nouvelles façons de gérer les chaines logistiques et sur la prestation d’une panoplie diversifiée de services de conseil ont eux profité d’une croissance solide en 2016.
Les produits électromécaniques et les produits issus du travail à la chaîne restent les produits les plus exportés par la Chine, malgré une diminution de respectivement 1,8% et 0,6%. Le Rapport pointe du doigt à plusieurs reprises une modification structurelle du commerce extérieur chinois, insistant sur l’augmentation des exportations de produits de haute technologie tels que les équipements et les instruments médicaux, les accumulateurs, les batteries solaires, le matériel technologique et les produits aéronautiques. Les exportations de textiles, de jouets et de produits en plastique ont également augmenté grâce à la combinaison de divers facteurs saisonniers et à l’avantage concurrentiel chinois existant de longue date.
Une tendance nouvelle peut toutefois être identifiée en observant les partenaires avec lesquels la Chine échange. Sur la même période, les échanges de la Chine avec l’UE et le Japon ont augmenté de respectivement 2,7% et 2,9%, tandis que les échanges de la Chine avec les Etats-Unis et les pays membres de l’ASEAN ont diminué de respectivement 3,3% et 0,8%. Ces pays représentent près de 48,7% du commerce extérieur de la Chine. Les exportations vers certains pays de la route de la soie restent cependant élevées. Ainsi, les exportations de la Chine vers le Pakistan, la Russie, la Pologne, le Bangladesh, et l’Inde ont augmenté de respectivement 14,9%, 14,1%, 11,7%, 9,6% et 7,8%.
Opportunités à saisir sur le commerce chinois suite à ces modifications structurelles
La restructuration du secteur du commerce chinois est inévitable. En déclin depuis cinq années, les exportations liées au commerce de perfectionnement ne représentent désormais que 33% du total des exportations réalisées par la Chine. Dans un contexte économique mondial en pleine récession et souffrant d’une fragilité économique, les secteurs manufacturiers chinois sont confrontés à la nécessité de relocaliser ; soit de retourner dans des pays développés pour bénéficier d’une plus grande efficacité opérationnelle, soit de se déplacer dans des pays émergents pour profiter de coûts réduits. Les représentants chinois considèrent cette situation comme « inévitable », cela ayant d’ailleurs poussé le Gouvernement à adopter une réforme visant à restructurer et optimiser le commerce extérieur chinois. D’après des lignes directrices publiées par le Conseil d’Etat, un certain nombre de mesures a été pris afin de promouvoir le commerce de perfectionnement, notamment concernant les expansions de marché, la modernisation des industries, des optimisations structurelles, ainsi que la relocalisation des usines en Chine Centrale et dans les régions de l’Ouest. De plus, de nombreuses sociétés étrangères modifient leur stratégie en Chine ; par exemple, en choisissant de localiser la production de produits de haute technologie sur le secteur côtier de la Chine afin de bénéficier de capacités industrielles avancées tout en relocalisant les usines dans le Centre et l’Ouest de la Chine pour un meilleur contrôle des coûts.
Le commerce de services étrangers se développe très rapidement. En Août 2016, le commerce extérieur de services s’élevait à 518,9 milliards de dollars américains, soit une croissance remarquable de 13,5%. Le déficit commercial de services étrangers a pour sa part atteint 163,4 milliards de dollars américains dépassant les 136,6 milliards de 2015, ce qui indique que la Chine reste un très gros marché pour l’importation de services. Voyages, études à l’étranger, services de transport, droits de propriété intellectuelle, et assurances et pensions sont les secteurs qui contribuent le plus à ce déficit commercial. Dans le même temps, les services de perfectionnement et transformation, le conseil en gestion, les secteurs des télécommunications, des ordinateurs et des technologies informatiques ont enregistré un excédent commercial en 2016. De plus, certaines régions servent actuellement de zones tests en vue de développer le commerce de services. Par exemple, la nouvelle région de Liang Jiang à Chongqing a été désignée comme zone clé pour les services liés à la finance, la logistique internationale, les expositions et le tourisme dans le Centre-Ouest de la Chine. Afin de tirer avantage de ce marché des services en pleine croissance, les sociétés étrangères devraient réaliser plus d’efforts afin de promouvoir leurs propres services liés à leurs produits, et ce tant pour le secteur du commerce entre professionnels et consommateurs (B to C) que pour le secteur du commerce interentreprises (B to B).
Observations
Bien que faisant face à un environnement international complexe, le dernier Rapport sur le Commerce Extérieur Chinois se veut positif, restant toutefois prudent sur les attentes pour le quatrième trimestre 2016 et pour l’année 2017. Au-delà de fournir des informations et des statistiques à jour sur la situation du commerce en Chine, de tels rapports peuvent aider les investisseurs étrangers à identifier les orientations politiques que souhaite prendre le Gouvernement chinois. Le commerce extérieur chinois se modifie progressivement afin de s’aligner sur la vision économique plus globale du pays et tendant vers la fourniture de biens et de services de meilleure qualité, ce qui pourrait bénéficier tant aux sociétés chinoises qu’aux sociétés étrangères à condition de suivre la nouvelle stratégie mise en place par la Chine. Divers secteurs du commerce extérieur ont été mis en avant par le Rapport, notamment certains business models nouveaux tels que le e-commerce transfrontalier, les services de perfectionnement et de transformation ainsi que la prestation de services de conseil. Dès lors, une attention particulière doit être portée sur ces secteurs afin de bien saisir les opportunités d’investissement relatives à leur rapide croissance. Enfin, les entreprises ayant déjà commencé à faire des affaires en Chine pourraient songer à se relocaliser à l’intérieur même du pays et à diviser leur chaine de production en saisissant bien les enjeux attachés aux différentes régions, industries et en tenant compte des facteurs financiers.
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